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me voir une fois par semaine. Il est encore bien plus à son aise que moi ; il a de grands salons et porte une magnifique pelisse de velours. S’il voulait t’épouser, tu serais bien heureuse, car il n’y voit goutte. Raconte-lui tes plus belles histoires. »

Mais Poucette n’avait pas trop envie d’épouser le voisin ; ce n’était qu’une taupe. Couverte de sa pelisse de velours noir, elle ne tarda pas à rendre sa visite. La conversation roula sur ses richesses et sur son instruction ; mais la taupe parlait mal des fleurs et du soleil, car elle ne les avait jamais vus. La petite Poucette lui chanta plusieurs chansons, entre autres : « Hanneton, vole, vole, vole ! » et : « Quand le moine vient aux champs. » La taupe, enchantée de sa belle voix, désira aussitôt une union qui lui promettait tant d’agréments ; mais elle n’en dit pas un mot, car c’était une personne réfléchie.

Pour faire plaisir à ses voisines, elle leur permit de se promener à leur gré dans une grande allée souterraine qu’elle venait de creuser entre les deux habitations ; mais elle les pria de ne pas s’effrayer d’un oiseau mort qui se trouvait sur le passage, et qu’on y avait enterré au commencement de l’hiver.

La première fois que ses voisines profitèrent de cette aimable offre, la taupe les précéda dans ce long et sombre corridor, tenant entre ses dents