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Cependant la princesse était toujours sorcière ; elle n’aimait pas Jean. Le compagnon de voyage ne l’avait pas oublié : c’est pourquoi il donna à Jean trois plumes des ailes du cygne et une petite fiole contenant quelques gouttes. Il lui conseilla de mettre auprès du lit nuptial un grand baquet rempli d’eau, d’y jeter les plumes et les gouttes, et d’y plonger trois fois la princesse. C’était le moyen de la désenchanter et de lui faire aimer Jean.

Jean suivit toutes les prescriptions de son compagnon. La princesse poussa de grands cris lorsqu’il la plongea dans l’eau ; elle se débattit entre ses mains, et prit la forme d’un cygne noir avec des yeux étincelants. À la seconde immersion, le cygne devint blanc, sauf un anneau noir qui lui restait autour du cou. Jean fît une prière au bon Dieu, et, quand l’oiseau revint pour la troisième fois sur l’eau, c’était une princesse admirablement belle. Plus que jamais elle était adorable, et, les larmes aux yeux, elle remercia Jean d’avoir mis fin à son enchantement.

Le lendemain, le vieux roi vint la voir accompagné de toute sa cour : la journée se passa en félicitations. Le compagnon de voyage arriva le dernier, le bâton à la main et le sac sur le dos. Jean l’embrassa bien des fois : il ne voulait pas laisser partir l’auteur de son bonheur ; mais le