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un sofa et ne voulut pas proférer une seule parole.

Tout dépendait maintenant de la troisième épreuve. Encore ce succès, Jean épousait la princesse, et à la mort du roi il héritait du trône. Dans le cas contraire, il perdait la vie, et le sorcier mangeait ses beaux yeux bleus.

La veille au soir, Jean se coucha de bonne heure, fit sa prière et s’endormit tranquillement. Mais son compagnon reprit les ailes du cygne, s’attacha le sabre au côté, et s’envola vers le château, emportant les trois verges.

La nuit était terrible, la tempête arrachait les ardoises des toits, et les arbres du jardin, où pendaient les squelettes, pliaient comme des roseaux à chaque coup de vent. Les éclairs se succédaient sans relâche, et pendant toute la nuit ce ne fut qu’un coup de tonnerre. La fenêtre s’ouvrit, et la princesse s’envola. Elle était pâle comme la mort, mais elle se riait du mauvais temps, qu’elle trouvait encore trop doux. Son manteau blanc, pareil à une voile de navire, tourbillonnait dans l’air. Le compagnon de voyage la frappait si rudement de ses trois verges, que des gouttes de sang tombaient à terre, et qu’à la fin elle put à peine continuer son vol. Cependant elle arriva à la montagne.

« Il grêle, et le vent est furieux, dit-elle ; ja-