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diants ; j’irai donc au château, il le faut, je le veux. »

Tout le monde lui dit qu’il avait tort, qu’il subirait le sort des autres. Son compagnon de voyage aussi l’en détourna tant qu’il le put ; mais Jean pensa que tout irait bien. Il brossa son habit et ses souliers avec soin, se lava minutieusement les mains et la figure, arrangea ses beaux cheveux blonds, et entra seul dans la ville pour se rendre au château.

« Entrez, » dit le vieux roi lorsque Jean frappa à la porte. Jean entra, et le vieux roi, en robe de chambre, en pantoufles brodées, vint au-devant de lui. Il avait la couronne d’or sur sa tête, le sceptre dans une main et la pomme d’or dans l’autre. « Attendez, » dit-il en mettant la pomme sous son bras pour offrir sa main à Jean ; mais, dès qu’il apprit que c’était un prétendant, il se mit à pleurer si fort que le sceptre et la pomme tombèrent à terre, et il fut obligé de s’essuyer les yeux avec sa robe de chambre. Pauvre vieux roi ! « N’y songe pas ! s’écria-t-il ; tu finiras mal, comme les autres ; viens voir. »

Il conduisit Jean dans le jardin de la princesse. Quelle horreur ! au sommet de chaque arbre étaient pendus trois ou quatre fils de rois qui avaient demandé la main de la princesse et qui n’avaient pu deviner ses énigmes. Le vent, chaque