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déjà couchés, quelqu’un soupira si profondément et à tant de reprises, que tous se relevèrent pour voir ce que c’était. L’homme des marionnettes courut à son théâtre ; car c’était là qu’on avait soupiré. Toutes les poupées étaient couchées pêle-mêle, le roi au milieu de ses gardes du corps. C’étaient eux qui soupiraient si lamentablement, car ils mouraient d’envie d’être frottés comme la reine, afin de pouvoir se remuer tout seuls. La reine s’agenouilla et présenta sa petite couronne d’or en disant : « Prenez-la, mais frottez mon époux et les gens de ma cour. »

Alors le pauvre directeur ne put s’empêcher de pleurer, et il promit au compagnon de voyage tout l’argent qu’il avait gagné avec sa comédie, si celui-ci voulait seulement frotter quatre ou cinq de ses plus belles poupées. Mais le compagnon répondit qu’il ne voulait que le grand sabre que le directeur portait au côté. L’autre y consentit avec plaisir, et six marionnettes furent aussitôt frottées. Elles se mirent à danser, et si gentiment que toutes les filles, les filles vivantes qui les regardaient, se mirent à danser aussi. Le cocher dansait avec la cuisinière, le domestique avec la femme de chambre ; tout ce qui était là dansait, même la pelle et les pincettes, mais elles tombèrent à terre en essayant le premier saut. Quelle nuit joyeuse !

Le lendemain, Jean partit avec son compagnon