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perbe avec des couronnes d’or et de longues robes à queue : leurs moyens leur permettaient ce luxe ; de gentilles marionnettes avec des yeux de verre et de grandes moustaches étaient debout à toutes les portes, qu’elles ouvraient et fermaient continuellement pour rafraîchir l’air dans la salle. Oui, c’était une bien belle pièce, et pas triste du tout. Mais tout à coup la reine se leva et fit quelques pas. Dieu sait ce que pensait le gros bouledogue : profitant de ce que le boucher ne le retenait pas, il fit un bond jusque sur le théâtre, et saisit la reine par sa mince taille. Cnic, cnac ! C’était horrible à voir.

Le pauvre homme qui faisait voir la comédie fut pris d’angoisse et d’affliction à cause de sa reine, la plus belle de ses poupées, à qui le bouledogue avait mangé la tête.

Mais quand le monde fut parti, l’étranger qui était venu avec Jean dit qu’il allait la remettre en bon état. Il prit son petit pot et frotta la poupée avec le baume qui avait déjà guéri la pauvre vieille. Aussitôt la poupée se trouva reconstruite elle savait même remuer tous ses membres sans qu’on eût besoin de tirer la ficelle : il ne lui manquait que la parole. Son maître était enchanté de la voir danser toute seule ; nulle autre de ses poupées ne pouvait en faire autant.

Dans la nuit, quand les gens de l’auberge étaient