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semblaient dire : « Sois le bienvenu dans la verdure ; n’est-ce pas qu’elle est belle ? »

Mais Jean se retourna une dernière fois pour regarder la vieille église où tout petit on l’avait baptisé, où tous les dimanches il avait été avec son vieux père pour adorer le Tout-Puissant ; il aperçut dans un trou, tout au haut de la tour, le petit génie de l’église avec son bonnet rouge et pointu, qui cachait derrière son bras sa figure au soleil. Jean lui fit un signe d’adieu, et le petit génie agita son bonnet rouge, mit la main sur son cœur, et lui envoya des baisers au bout de ses doigts, pour lui montrer tout le bien qu’il lui voulait et lui souhaiter bon voyage. Jean pensait maintenant à toutes les belles choses qu’il allait voir dans l’immensité du monde ; il alla loin, bien loin, plus loin qu’il n’avait jamais été. Il ne connaissait ni les villes qu’il traversait ni les hommes qu’il rencontrait. Tout était nouveau pour lui.

La première nuit, il fut obligé de coucher dans les champs, sur un tas de foin ; il n’avait pas d’autre lit. Mais cela lui parut charmant ; le roi ne pouvait être mieux. Le champ tout entier, avec l’étang, avec le foin, ayant le ciel bleu pour plafond formait une chambre à coucher vraiment délicieuse. L’herbe verte avec ses petites fleurs rouges et blanches, en était le tapis ; les buissons de tilleuls et les haies de roses sauvages l’or-