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— Mais comment une fleur pourra-t-elle le dire aux autres ? Les fleurs ne savent pas parler.

— C’est vrai, répondit l’étudiant ; mais elles sont très-fortes en pantomime. N’as-tu pas souvent vu les fleurs, lorsqu’il fait un peu de vent, s’incliner et se faire des signes de tête ? n’as-tu pas remarqué que toutes les feuilles vertes s’agitent ? Ces mouvements sont aussi intelligibles pour elles que les paroles pour nous.

— Mais le professeur, est-ce qu’il comprend leur langage ? demanda Ida.

— Oui, assurément. Un jour qu’il était dans son jardin, il aperçut une grande ortie qui avec ses feuilles faisait des signes à un très-bel œillet rouge. Elle disait : « Que tu es beau ! comme je t’aime ! » Mais le professeur se fâcha, et il frappa les feuilles qui servent de doigts à l’ortie. Il s’y piqua, et, depuis ce temps, comme il se souvient combien il lui en a cuit la première fois, il n’ose plus toucher à une ortie.

— C’est drôle, dit la petite Ida, et elle se mit à rire.

— Comment peut-on mettre de telles choses dans la tête d’un enfant ? » dit un ennuyeux conseiller qui était entré pendant la conversation pour faire une visite et qui s’était assis sur le canapé.

L’étudiant ne lui plut pas, et il ne cessa de mur-