Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

-elles aussi ? Comment peuvent-elles faire ce long chemin ?

— Mais, dit l’étudiant, si elles veulent, elles peuvent voler. N’as-tu pas vu les beaux papillons rouges, jaunes et blancs ? est-ce qu’ils ne ressemblent pas tout à fait aux fleurs ? c’est qu’ils n’ont pas d’abord été autre chose. Les fleurs ont quitté leur tige et se sont élevées dans les airs ; là elles ont agité leurs feuilles comme de petites ailes, et ont commencé à voler. Et, parce qu’elles se sont bien conduites, elles ont obtenu la permission de voler toute la journée, et elles n’ont plus besoin de rester chez elles attachées à leur tige. C’est ainsi qu’à la fin les feuilles sont devenues de véritables ailes. Mais tu l’as vu toi-même. Du reste, il se peut que les fleurs du Jardin des Plantes ne soient jamais allées dans le jardin du roi, et même qu’elles ignorent qu’on y mène la nuit si joyeuse vie. C’est pourquoi je veux te dire quelque chose qui fera ouvrir de grands yeux au professeur de botanique notre voisin. Lorsque tu iras dans le jardin, annonce à une fleur qu’il y a grand bal au château : celle-ci le répétera à toutes les autres, et elles s’envoleront. Vois-tu les yeux que fera le professeur, lorsqu’il ira visiter son jardin et qu’il n’y verra plus une seule fleur, sans pouvoir comprendre ce qu’elles sont devenues ?