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de tous les autres. Le quatrième portait une ceinture d’or, et le petit dernier ne faisait rien du tout : aussi en était-il extraordinairement fier. On ne trouvait rien chez eux que de la forfanterie, et encore de la forfanterie : aussi je les ai quittés.

— Et maintenant, nous voilà assis ici, et nous brillons, » dit le tesson.

À ce moment, on versa de l’eau dans l’évier. L’eau coula par-dessus les bords et les entraîna.

« Voilà que nous avançons enfin ! » dit l’aiguille.

Le tesson continua sa route, mais l’aiguille s’arrêta dans le ruisseau. « Là ! je ne bouge plus ; je suis trop fine ; mais j’ai bien le droit d’en être fière ! »

Effectivement, elle resta là tout entière à ses grandes pensées.

« Je finirai par croire que je suis née d’un rayon de soleil, tant je suis fine ! Il me semble que les rayons de soleil viennent me chercher jusque dans l’eau. Mais je suis si fine que ma mère ne peut pas me trouver. Si encore j’avais l’œil qu’on m’a enlevé, je pourrais pleurer du moins ! Non, je ne voudrais pas pleurer : ce n’est pas digne de moi ! »

Un jour, des gamins vinrent fouiller dans le ruisseau. Ils cherchaient de vieux clous, des liards et autres richesses pareilles. Le travail n’é-