Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paradis s’engloutira sous la terre, et tu l’auras perdu pour jamais. Le vent terrible du désert sifflera autour de ta tête ; une pluie froide et piquante dégouttera de tes cheveux ; la peine et la misère deviendront ton partage.

— Je reste, » dit le prince.

Le Vent d’Est l’embrassa, et dit : « Sois fort ; dans cent ans nous nous reverrons. Adieu, adieu !

Puis il étendit ses larges ailes, qui brillaient comme les éclairs en automne, ou comme l’aurore boréale par un hiver rigoureux.

« Adieu, adieu ! » répétèrent toutes les fleurs et tous les arbres.

Des files de cigognes et de pélicans s’élevèrent dans les airs et accompagnèrent le Vent d’Est comme des rubans flottants, jusqu’aux limites du jardin.

« Nous allons commencer nos danses dit la fée, et, à l’heure où le soleil se couche, je me pencherai vers toi, et je te dirai : « Viens avec moi. » Prends bien garde de m’écouter ! Tu subiras cette épreuve tous les soirs pendant cent ans ; mais chaque jour tu deviendras plus fort pour résister à la tentation, et à la fin, tu n’y penseras plus. Ce soir c’est la première épreuve ; te voilà averti. »

Et la fée le conduisit dans une grande salle construite avec des lis d’une blancheur transparente, les filaments jaunes de chaque fleur formaient une