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leur, de luxe et de misère, m’était révélée et me frappait de surprise. Depuis cette époque, j’ai été à même, comme tout le public, de me familiariser avec les grandes existences excentriques, vivant au milieu des fêtes et des créanciers, du luxe et des dettes ; mais alors on en était encore à la littérature classique, et tout le monde y vivait raisonnablement. Je fus atterrée !

Il était évident que cette voiture avait servi à la duchesse d’Abrantès pour venir de chez elle à l’hôtel Castellane, qu’elle y avait oublié cette lettre, et que pendant cinq heures les différentes personnes qui avaient passé dans cette voiture s’étaient successivement occupées des affaires dont elle avait l’air, elle, de ne se préoccuper nullement.

Hélas ! la pauvre femme ! elle est morte à la peine. Tous les chagrins qu’elle essayait de cacher, et dont elle cherchait à se distraire, ont abrégé ses jours et rendu cruels les derniers instants de sa vie ! Je ne voulus pas que d’autres pussent s’égayer sur ces tristes détails, je pris ce papier ; mais, n’osant le lui remettre, puisque j’étais de ceux qu’elle voulait tromper, je mis cette