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gence, dont les belles idées sont les épisodes ; chaque tableau d’un grand peintre, chaque livre d’un grand écrivain, est l’intérêt de son existence et ce qui attache sur lui la curiosité publique. Cependant, si Gérard avait eu le loisir d’écrire ses mémoires, ce dont il parlait quelquefois, ils auraient été fort piquants par ses aperçus ingénieux et ses conversations, s’il avait voulu les y consigner, avec les personnages les plus illustres de l’Europe, notamment avec l’empereur Alexandre, madame de Staël, le duc de Wellington, le prince de Talleyrand, etc., etc.

Pour le public qui ne voit que l’extérieur de la vie, Gérard mourut presque subitement le 12 janvier 1837, à un âge peu avancé, il avait à peine soixante-sept ans ; mais, pour les quelques vrais amis qui restent à cet âge, Gérard a mis plusieurs années à finir. Ainsi, pour moi qui m’étais attachée du fond du cœur à cette nature élevée et délicate, ses dernières années n’étaient plus qu’un sombre et triste crépuscule terminant dans les ténèbres un jour qui fut plein de chaleur et de lumière. Un grand nombre des amis de sa jeunesse avaient disparu ; son salon avait perdu en 1830 ses hôtes les