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à Beyle, en l’invitant pour le mardi suivant ; il accepta, à la condition qu’il se ferait annoncer sous celui de ses noms qui lui conviendrait ce jour-là.

Le mardi matin, je reçus de lui son volume qui contenait une vie d’Haïdn écrite sous le nom de César Bombay.

Le soir, de bonne heure, comme je n’avais pas encore beaucoup de monde, on annonça M. César Bombay, et je vis entrer Beyle plus joufflu qu’à l’ordinaire et disant :

— Madame, j’arrive trop tôt. C’est que moi, je suis un homme occupé, je me lève à cinq heures du matin, je visite les casernes pour voir si mes fournitures sont bien confectionnées ; car, vous le savez, je suis le fournisseur de l’armée pour les bas et les bonnets de coton. Ah ! que je fais bien les bonnets de coton ! c’est ma partie, et je puis dire que j’y ai mordu dès ma plus tendre jeunesse, et que rien ne m’a distrait de cette honorable et lucrative occupation. Oh ! j’ai bien entendu dire qu’il y a des artistes et des écrivains qui mettent de la gloriole à des tableaux, à des livres ! Bah ! qu’est-ce que c’est que cela en comparaison de la gloire de chausser et de coiffer toute une armée,