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prouver, il répétait tout ce qu’il avait dit, en imitant le son de sa voix et ses inflexions, de manière qu’on eût pu s’y méprendre.

Gérard s’amusa beaucoup de cette petite lutte, où il n’y eut pas de vaincu. Il avait une fine et malicieuse gaieté qui ne laissait rien perdre, et dont parfois il se servait comme d’une arme assez aiguë contre ses rivaux et ses ennemis. Ainsi il y avait eu avec lui à l’atelier de David un élève nommé Landon. C’était un homme prétentieux, comme sont la plupart des gens sans grande valeur. Landon essayait de juger ce qu’il ne pouvait pas faire, et, à chaque exposition, il publiait une petite brochure sur les ouvrages des autres. Il paraît qu’il avait assez maltraité Gérard. Mais, comme la plupart des critiques, à peine les choses désagréables étaient-elles sorties de sa plume, qu’il ne se les rappelait plus ; et, la maison de Gérard étant bonne et agréable, il continuait d’y venir et de traiter le maître en ami. Au milieu de cela, il faisait lui-même quelques tableaux qui, grâce à ses écrits, obtenaient toujours les meilleures places. Landon pouvait donc se croire beaucoup de talent, et, ayant destiné un ouvrage à l’exposition,