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le peintre des rois, il était le roi des peintres.

Si les ouvrages multipliés de Gérard ajoutèrent à sa réputation et à sa fortune, ils accrurent aussi le nombre de ses amis ; car, dans tous ces grands personnages de l’Europe qui voulurent avoir leur portrait par le peintre à la mode, beaucoup tinrent à honneur et à plaisir de garder l’amitié d’un homme dont ils avaient pu apprécier l’esprit étendu, élevé, aimable et piquant. Madame de Staël, le prince de Talleyrand et Pozzo di Borgo furent de ce nombre.

À l’époque où je fus présentée chez Gérard, il était professeur à l’École spéciale des beaux-arts, membre de l’Institut, baron, premier peintre du roi, officier de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre de Saint-Michel et de plusieurs ordres étrangers. Il venait de finir, avec une célérité prodigieuse et un grand bonheur, son beau tableau de l’Entrée de Henri IV à Paris, qui avait un immense succès, et je puis dire que le moment où je connus Gérard était celui de l’apogée de sa gloire.

Le premier mercredi où je fus amenée chez lui, j’éprouvai une réelle émotion, et mon attention fut constamment éveillée.