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et, quoique né dans une condition inférieure, quelque haut qu’eût été le rang où il se fût placé, il n’eût jamais été un parvenu… c’était un arrivé !

Arrivé par la grande route, à ciel ouvert, au vu, au su et à l’approbation de tous.

Mais parfois ceux qui ont été forcés de se faire eux-mêmes une position, d’y trouver des ressources pour la vie de chaque jour, ont eu dans la jeunesse des moments cruels dont le reflet attriste encore les belles années. Gérard avait eu quelque chose de ces malheurs, et il en gardait de tristes souvenirs. Marié très-jeune, il avait été dans une grande gêne, voisine de la pauvreté ; il parlait quelquefois d’un temps où il avait manqué des choses nécessaires à la vie. Mais ce dont il ne parlait jamais, et qui avait laissé des traces sombres au fond de son esprit, c’est qu’élève de David, aux tristes jours de la Révolution, il avait eu le malheur de se laisser comprendre au nombre des jurés du tribunal révolutionnaire. Cet épisode de sa jeunesse troublait les triomphes de sa vie. Cependant Gérard n’avait pris part à aucune mauvaise action, et, effrayé du rôle qu’on voulait lui faire jouer, il avait cherché dans les travaux de l’art,