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était en même temps plein de profondeur et de sagacité : ils illuminaient tout le visage.

Gérard était né à Rome, en 1770, d’un père français et d’une mère italienne.

Peut-être cela explique-t-il en partie les nuances variées de sa nature, car il réunissait des qualités diverses et même opposées. Ainsi il avait l’exaltation poétique de l’artiste et la finesse maligne du critique : il semblait parfois s’abandonner naturellement à la confiance et à une charmante intimité, puis tout à coup il se montrait armé de susceptibilités infinies et de prétentions exigeantes. Peut-être son premier mouvement avait-il été, dans sa jeunesse, de croire aux autres, de les aimer et de s’y fier ; mais, l’expérience atténuant en lui cette confiance native, il s’arrêtait et refoulait la sympathie dont il était l’objet en retenant visiblement la sienne… Il est vrai que, quand je l’ai connu, il n’était déjà plus jeune ; il atteignait sa cinquantième année… Le monde et les hommes étaient trop connus de sa profonde sagacité : il était devenu défiant !

Gérard habitait une maison qu’il avait fait bâtir, rue Bonaparte, presque vis-à-vis l’église de Saint-