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quant et une variété qui la rendaient infiniment agréable.

Mais, de tous les amis qu’elle nous vantait, celui qui semblait lui être le plus cher, car elle n’avait que des éloges et des admirations infinies pour lui, c’est le comte de Vaudreuil que nous vîmes chez elle, mais fort vieux. Il avait été aussi beau qu’aimable : les grâces de son esprit, les grâces de sa personne, en avaient fait un homme charmant, aimant les arts, se plaisant avec ceux qui les cultivaient. Dévoué aux princes avec une chaleur de cœur que les tristesses de l’exil et les glaces de l’âge ne refroidirent pas, il en était payé de retour. Vers la fin de sa vie, il eut une discussion assez vive avec le comte d’Artois, et à ce sujet il lui écrivit une longue lettre où il lui disait qu’il lui semblait cruel d’être ainsi brouillés après trente ans d’amitié.

Le prince lui répondit en deux lignes : « Tais-toi, vieux fou, tu as perdu la mémoire, car il y a quarante ans que je suis ton meilleur ami. »

Nous continuâmes à visiter madame Lebrun jusqu’à la fin de sa vie. Nous aimions cette personne attrayante, malgré son âge, et dont le ca-