Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux émotions de ceux qui en furent les témoins. Nos sympathies politiques, littéraires et artistiques nous faisaient aimer toutes ces personnes, mais sans les comprendre complétement ; elles avaient vécu dans d’autres idées, dans d’autres habitudes, et la société n’avait plus d’unité. Puis la joie s’éteignait au milieu de ces gens âgés, comme les rayons d’un soleil d’hiver se refroidissent en tombant sur la glace ; alors on parlait sérieusement du passé, de ceux qui n’étaient plus, et nous aimions mieux cela que les jeux enfantins essayés par des vieillards.

Mais un nouvel orage se formait, il éclata en 1830, et la plupart de ces vieillards suivirent une seconde fois la monarchie dans l’exil.

À partir de ce moment, la société de madame Lebrun ne fut plus qu’une petite intimité de quelques personnes restées fidèles, malgré la différence des âges. Les vieux amis, tels que le comte de Vaudreuil et le marquis de Rivière, n’existaient plus ; chaque jour il en disparaissait ; cependant on essayait encore de se retrouver quelquefois le soir dans l’appartement qu’occupait alors madame Lebrun, rue Saint-Lazare. C’était dans une