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avait bien encore des grands seigneurs aimables, il y avait toujours des artistes et des écrivains distingués, il y avait comme jadis un roi, un Bourbon, un homme d’esprit sur le trône, Louis XVIII ; mais, de même qu’il se mêlait aux droits de la royauté des chartes et des constitutions inconnues de l’ancienne monarchie, il s’était introduit dans les salons une espèce d’esprit nouveau, apportant avec lui des idées, des souvenirs, des espérances qui dissolvaient l’unité ; puis il manquait à tout cela la jeunesse. Nous étions bien là quelques jeunes femmes et quelques jeunes gens, mais nous y étions en étrangers au monde antérieur, nous ne pouvions nous identifier à un passé qui nous était presque inconnu, car on l’avait caché à la plupart d’entre nous, et ce que nous en connaissions ne nous était appris que par les passions de l’époque, qui le défiguraient. Le soir d’un jour d’orage, ceux qui y assistèrent, après avoir vu la campagne dans sa tranquille prospérité, peuvent seuls connaître les ravages qu’il a produits ; mais au lendemain matin ceux qui n’ont vu ni la tempête ni le calme qui la précéda ne peuvent s’en faire une idée bien juste, et ne participent guère