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Le comte de Rivarol, que son esprit avait rendu célèbre avant qu’il eût rien écrit, fréquentait aussi la maison de madame Lebrun. Il y amena son ami Champcenetz, qu’il appelait l’épigramme de la langue française. Champcenetz, condamné plus tard à mort par le tribunal révolutionnaire, demanda gaiement à ses juges s’il lui était permis de chercher un remplaçant comme dans la garde nationale.

Une des fantaisies de la charmante artiste fut de donner un soir à ses amis un souper grec, où les costumes, les meubles, la vaisselle et jusqu’aux mets étaient imités des repas antiques ; et ce souper eut un immense succès. Fut-il un encouragement donné à notre pays pour imiter aussi les gouvernements de la Grèce ? Qui sait ? Ce qui est sûr, c’est qu’aux premiers symptômes d’une république madame Lebrun, qui les aimait mieux sans doute en fiction qu’en réalité, quitta Paris et s’éloigna de la France. Elle se réfugia en Italie, cette terre des chefs-d’œuvre, où elle trouva non-seulement un abri contre les dangers de la Révolution, mais les jouissances infinies qu’une imagination d’artiste devait éprouver dans cette patrie des arts.