— Monsieur, lui dit-il avec un grand sang-froid, je vous ai laissé voir le ballet à votre aise pour ne pas nuire à votre plaisir, maintenant c’est à vous à ne pas nuire au mien : je vais souper en ville ; vous sentez qu’il ne m’est pas possible de me présenter dans l’état où vous avez mis ma coiffure, et vous allez avoir la bonté de me la raccommoder, ou demain nous nous couperons la gorge.
— Monsieur, répondit l’inconnu en riant, à Dieu ne plaise que je me batte avec un homme aussi complaisant que vous l’avez été pour moi ; je vais faire de mon mieux.
Et, prenant le petit peigne, il rapprocha et arrangea les cheveux tant bien que mal. Après quoi ils se séparèrent très-bons amis.
Le comte d’Espinchal, qui fréquentait alors assidûment la maison de madame Lebrun, avait un autre genre d’originalité. Il ne vivait que pour courir tout le jour après les nouvelles de salons, de théâtre, d’amour, de scandale ou de politique, au point que, si l’on avait besoin d’un renseignement quelconque sur qui ou sur quoi que ce fût, on disait : « Il faut s’adresser à d’Espinchal. » Il était mieux au fait de tout que le lieutenant de