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qu’elle occupait rue de Cléry. C’était à qui serait de ses soirées, où souvent la foule était telle, que, faute de siéges, des maréchaux de France s’asseyaient par terre, et le maréchal de Noailles, très-gros, avait la plus grande peine à se relever. On causait et on faisait de la musique ; la marquise de Groslier, la marquise de Sabran, la marquise de Rougé, la comtesse de Ségur et une foule d’autres parmi les grandes dames et les plus grands seigneurs se retrouvaient chez la jeune artiste ; les hommes les plus aimables, tels que le comte de Vaudreuil et ce charmant prince de Ligne, ce Belge qui eut plus qu’aucun autre homme l’esprit français, dont les bons mots sont célèbres, et qui a laissé quelques volumes fort goûtés des esprits délicats. Diderot, d’Alembert, Marmontel et la Harpe partageaient aussi tous les plaisirs des grands seigneurs qui se réunissaient chez madame Lebrun. L’égalité n’était pas encore dans la loi, mais elle était dans les mœurs beaucoup plus qu’elle n’y est maintenant que la loi l’a tant de fois proclamée.

Parmi les personnes qui fréquentaient alors le salon de madame Lebrun, était un fermier général