Cette beauté, ce talent, cet esprit, furent dans tout l’éclat de leur brillante jeunesse sous le règne de Louis XVI, et la manière dont on accueillit et fêta ses avantages chez les princes et chez le roi prouve une fois de plus que l’on rendait alors justice à tous les genres de mérites, et que les faveurs de la cour venaient avec empressement en reconnaître et en rehausser l’éclat.
Madame Lebrun était fille de Vigée, peintre médiocre, et sœur du poëte Vigée, qui a laissé des vers charmants. Elle épousa M. Lebrun ; c’était un homme qui faisait le commerce des tableaux : malheureusement il était prodigue, désordonné dans sa vie, ami des grossiers plaisirs, et dépensait pour lui seul ce qu’elle gagnait par ses portraits, qui furent innombrables et presque toujours magnifiquement payés.
De beaux portraits de madame Lebrun se voient dans les musées, dans les galeries particulières, et se conservent dans les familles : ils ont tous un charme particulier, sont composés avec un goût parfait, malgré la bizarrerie des toilettes de cette époque, où le rouge, la poudre, les mouches et les paniers, si contraires aux arts, défiguraient la