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instances réitérées d’en faire la lecture, il mettait tant de grâce en lisant, tant d’enthousiasme et un air si pénétré dans les passages les plus louangeurs, que c’était un charme de l’entendre.

On a tant de plaisir à voir un heureux, et son bonheur était si expansif dans un pareil moment, qu’on en avait l’âme ravie.

Après avoir fini sa lecture, il ne restait que le temps nécessaire pour jouir de la satisfaction des autres et se retirait ensuite, ayant bien soin d’oublier le journal dans un endroit où il était sûr qu’on le retrouverait.

Mais de toutes les choses singulières que fit naïvement cet excellent homme, la plus extraordinaire, à mon avis, fut celle-ci. Après cette vie toute remplie de véritables enfantillages, occupée par les soins naïfs de cet égoïsme inoffensif, mais puéril, qui n’eut jamais un mot blessant pour personne, mais qui travailla sans cesse à obtenir des paroles d’admiration pour lui-même, il s’avisa, vers les derniers jours de cette paisible et radieuse existence, de vouloir écrire… quoi ? Je pourrais dire encore : Devinez. Mais vous ne le pourriez pas. Eh bien, cet homme frivole qui n’avait jamais ni