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sûr enfants, quand il leur arrive un million, Dieu sait qu’ils en usent comme si c’était inépuisable ! et ils font de même parfois de leur jeunesse : il leur semble que tout cela est, comme leur gloire, éternel !

D’Arlincourt ne s’aperçut donc ni de la diminution de ses trésors ni de l’augmentation de ses années, et un beau jour, ou plutôt un laid jour, il découvrit, à sa grande surprise, qu’il était vieux et ruiné ; mais il ne voulut croire ni à l’un ni à l’autre ; il ne voulut surtout pas que les autres pussent s’en douter. Excepté quelques amis sur lesquels il comptait, et à qui il confia ses embarras, la société qu’il fréquentait n’eut pas la moindre idée de la vérité ; il fut toujours, pour certaines gens, un beau jeune homme riche, dont le public s’arrachait chaque nouvelle production. C’était ainsi qu’il parlait de lui-même, et une part du public vous prend pour ce que vous voulez qu’il vous prenne. Il n’y a pas de mensonge, si absurde qu’il soit, qui ne trouve quelque croyant. D’Arlincourt ne mentait que le soir pour le monde des salons ; le matin, il était sincère avec ses amis. Il leur parlait de sa détresse, et les sollicitait constamment