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sinistres, et la mort les termina d’une façon terrible.

La guerre civile et la peste atténuèrent le bruit des funérailles de Chateaubriand et de madame Récamier. Ces personnes, qui avaient tant aimé le retentissement, s’éteignirent sans bruit, et furent seulement pleurées par quelques amis dévoués que n’attirait pas leur renommée ; loin de là, ils s’affligeaient de ce qu’elle avait tant troublé leurs derniers jours, car il était visible que l’un et l’autre étaient tourmentés de profonds regrets et de grandes tristesses ; ils n’aimaient plus la vie et ils étaient obsédés par l’idée de la mort.

Ah ! c’est qu’il n’y a de vieillesse paisible et sans amertume que pour les âmes d’élite, créées par le ciel dans un jour d’ineffable mansuétude, qui n’éprouvent ni les besoins inquiets de la vanité ni les ardeurs violentes de la passion, et qui, satisfaites par le goût des arts et de l’étude, y trouvent une joie indépendante du succès. Ces bons et modestes esprits ne demandent à ce qu’ils produisent que le plaisir d’exprimer leurs idées et de faire un peu de bien par leurs ouvrages ; ils se laissent oublier sans regrets.