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soustraites à son empire. Elle avait une certaine manière de prononcer ces mots : Je ne la connais pas, qui disait parfaitement : Elle ne mérite pas d’être connue ; elle l’employait même pour des gens célèbres, quand ils n’avaient pas cru devoir payer leur tribut d’hommages à l’Abbaye-aux-Bois, et cette expression dédaigneuse semblait les rejeter dans le mépris ou le néant.

Mais, je le répète, j’ai vu seulement le déclin de la vie de Chateaubriand et de madame Récamier, et j’ai été témoin alors des continuels efforts qu’ils faisaient pour prolonger les triomphes des belles années, et pour ne rien perdre des succès éclatants qu’attirent le génie et la beauté, lutte nécessaire, mais pénible contre le dédain, ou du moins l’oubli d’un monde cruel qui, de nos jours, trouve la plus grande joie à renverser ses idoles.

Combien n’avons-nous pas vu d’hommes éminents dont la gloire avait marqué la jeunesse de sa lumineuse auréole, et qui usaient péniblement les dernières années de leur vie en efforts impuissants pour repousser l’oubli qui venait, comme le sable des déserts, s’amoncelant autour des anciens