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die. Mais cela n’a pas été long, et l’on s’est remis en gaieté.

— En gaieté ? pendant la tragédie ? répétai-je avec surprise.

— Oh ! oui, monsieur le vicomte, je vous en réponds qu’ils étaient contents au parterre où je m’étais placé, car ils n’ont plus cessé de rire jusqu’à la fin et en disant des mots si drôles, que j’ai joliment ri aussi !

Mon premier mouvement fut de brusquer un peu le pauvre homme et de repousser ses soins, qu’il m’offrait de tout son cœur, tant je me sentais dans une disposition désagréable ; mais j’eus le bon esprit de la vaincre, ajouta Chateaubriand. Je le retins lorsqu’il s’éloignait tout déconcerté ; je lui fis, du ton amical que j’employais d’ordinaire avec ce vieux serviteur, quelques nouvelles questions sur l’effet de la représentation, et il revint de nouveau sur les facéties auxquelles la pièce avait donné lieu de la part des plaisants du parterre ; mais, cette fois, je finis par rire avec lui ; et, revenu ainsi à ma bonne humeur, je m’endormis profondément quelques instants après.

L’aimable naïveté de ce récit de Chateaubriand