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très-longtemps sans rien dire et sans avoir l’air de faire attention aux paroles des autres il lançait une phrase vive, colorée et énergique comme une espèce de résumé de la conversation ou comme une expression involontaire de l’effet qu’elle avait produit sur lui.

Un jour, j’arrivai gaiement dans le salon de l’Abbaye-aux-Bois vers cinq heures ; l’on m’y fit un accueil empressé, et l’on m’interrogea tout de suite sur ce que j’avais pu voir ou recueillir des choses du monde, car dans aucun lieu de Paris l’on n’était plus curieux et mieux instruit que là des bruits de cette société qu’on était censé vouloir y fuir ; on savait, avant que j’y fusse arrivée ce jour-là, que j’avais été, la veille au soir, à une fête particulière qui éveillait la curiosité, et il fallait que j’en racontasse tous les détails. Je m’empressai de le faire.

Cette fête se composait d’une messe en musique le matin, d’un grand dîner plus tard, et d’un très-beau bal pour la soirée ; tout cela était destiné à célébrer la cinquantième année de mariage du père et de la mère d’un des plus illustres avocats de Paris, M. B… Je racontai tout ce qui s’était