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mais il y portait cette grâce d’un homme du monde et cette finesse d’un homme d’esprit qui arrêtent l’orgueil sur les confins du ridicule.

Il a dit lui-même : « Si on m’accuse de me glorifier, je répondrai qu’il faut à présent agir avec la société comme on le fait dans un estaminet, où l’on est obligé, pour ne pas être étouffé, de repousser avec sa fumée la fumée d’autrui. »

Les habitués de chaque jour, chez madame Récamier, étaient, à l’époque où je la connus, outre Chateaubriand :

Ballanche, qu’une loupe défigurait et qui n’était guère plus agréable à entendre qu’à voir ; un défaut de prononciation et des distractions continuelles ne lui permettaient pas d’achever une seule phrase. C’était toujours une énigme à deviner.

M. David, qui n’avait nulle célébrité, mais qui était un excellent homme, dévoué de tout cœur à madame Récamier.

M. E. de Fresnes, parent de la maîtresse de la maison, jeune, vif, d’un esprit actif et créateur, qui composait de la belle musique et inventait une manière de voyager dans les airs ; mais il par-