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Lorsqu’il convenait à ses projets d’attirer chez elle un homme distingué, elle se liait avec femme, enfants, amis et connaissances, quitte à les écarter ensuite quand le but était atteint ; rien ne lui coûtait pour y arriver : c’étaient des courses du matin, des visites, des voyages ! L’un de ces travaux les plus minutieux, les plus persévérants, eut lieu sous mes yeux, et j’en suivis toutes les péripéties avec intérêt, à mon grand amusement. Il s’agissait d’enserrer dans le cercle de son intimité un homme illustre dont la situation politique était des plus éminentes. Oh ! le but était digne de grands sacrifices. Aussi on ne les épargna point ; on finit même par louer une maison de campagne à Auteuil, pour l’été, car les fatigues de la vie politique y avaient amené l’homme d’État ; il cherchait là chaque soir un peu d’air pur et de solitude après une journée laborieuse.

Madame Récamier loua donc, tout contre cette splendide demeure, une petite et laide maison sans jardin, et, comme c’était, disait-on, pour prendre l’air qu’on venait là, il fut demandé une permission de promenade dans le parc du ministre, qu’on connaissait assez pour vouloir le connaître