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pas assez vivement émue pour m’enlever la gaieté. Le seul malheur qui ait atteint profondément mon âme est la perte de ceux que j’aimais, que la mort a enlevés. Tout le reste a passé sans laisser d’amertume, et pourtant j’ai souffert avec tout ce qui pense, en voyant les hommes ajouter par leurs divisions aux malheurs inévitables de l’espèce humaine ; leurs efforts pour y remédier, et la transformation de la société à laquelle nous assistons, ont amené trop de troubles à notre époque pour ne pas jeter de cruelles impressions dans toutes les âmes, et j’avoue que j’ai ressenti parfois en moi-même une souffrance infinie pour des maux qui ne pouvaient jamais m’atteindre ; ma sympathie générale est vive et profonde, souvent c’est elle qui m’a portée à écrire ; il me semblait que je devais essayer de communiquer aux autres cette espèce de bien-être d’esprit qui m’était naturel, et dont je voyais tant de personnes manquer, même parmi celles qui réunissaient le plus de moyens de bonheur : j’en