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ce qui composait sa société ; sa famille et la bibliothèque passaient successivement à ce dîner, dont je faisais presque toujours partie et qui a été un des plaisirs aimables de ma vie ; ce nombre de neuf, qui n’était jamais dépassé, permettait à la conversation d’être générale, et toujours elle était spirituelle, bienveillante et pleine d’intérêt. M. de Lancy avait une indulgente bonté qui arrêtait la malveillance, la critique et l’âpreté ; on se sentait là dans une atmosphère bienfaisante où l’on respirait à l’aise et où l’on pouvait parler sans crainte ; la famille de M. de Lancy, des frères, des belles-sœurs, des neveux et des nièces, étaient les personnes les plus honorables et les meilleures. M. de Lancy leur portait une grande affection, et tous l’aimaient et l’entouraient de tendresse et de respect : il était le chef aimé d’une famille de gens d’esprit et d’honnêtes gens, et l’âme était satisfaite au milieu de tout cela. Les dîneurs des dimanches précédents venaient le soir, et une vingtaine de personnes remplissaient le salon ; alors quelques poëtes disaient des vers nouveaux, et l’on entendit ainsi les légendes charmantes, pleines d’esprit et de sentiment, de M. Charles Lafont, les fables si