Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

disposés chacun à vanter la supériorité de la sienne en toute occasion ; un seul homme ne disait rien, c’était un Américain de Philadelphie. Interpellé un jour par ses compagnons de voyage sur la religion qu’il professait, l’Américain, d’un âge déjà mûr, répondit avec calme :

« J’ai voyagé dans les Indes, visité toute l’Asie et parcouru l’Europe ; je m’y suis instruit des dogmes, des croyances et de la morale de tous les peuples ; alors j’ai choisi dans chaque foi religieuse ce qui m’a semblé le meilleur, et je me suis arrangé avec tout cela une religion pour moi, ma femme, mes enfants et mes domestiques. »

M. de Lancy riait en racontant cette histoire ; mais je crois qu’il avait fait pour la politique et pour la morale comme l’Américain pour la religion.

Fidèle à ce joli précepte, que le nombre des convives ne doit pas être inférieur au nombre des Grâces ni dépasser celui des Muses, M. de Lancy donnait tous les dimanches un petit dîner de neuf personnes ; il réunissait quelques-uns des jeunes écrivains attachés à la bibliothèque Sainte-Geneviève, avec quelques amis du dehors, et tout