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Pour en revenir à notre aimable causeur, M. de Lancy, nous dirons encore qu’arrivé à une espèce de dictature de la bibliothèque de Sainte-Geneviève, l’esprit de justice, chose si rare, marqua tous les actes de son administration paternelle ; la justice, cette vérité en action qui produit autour d’elle l’affection et la paix, était une conséquence du bon esprit de M. de Lancy. Une intelligence éclairée et droite, une âme paisible, l’avaient préservé des exagérations de parti et des utopies bizarres qui s’agitaient autour de lui ; il vivait au milieu des mouvements plus ou moins désordonnés de notre époque, les examinait avec intérêt, les jugeait avec impartialité et n’y prenait nulle part active, non par crainte ou par calcul, mais peut-être par insouciance ; car il était un peu sceptique, mais à la manière de Montaigne, avec finesse et bonhomie, doutant un peu parce qu’il observait beaucoup, et n’osant se prononcer sur rien parce qu’il trouvait du bien comme du mal partout. Il racontait que, faisant la traversée de Saint-Domingue en France, il avait rencontré sur le vaisseau un nombre assez considérable d’étrangers appartenant à des religions différentes et fort