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Dire l’impression que ces mots prononcés gaiement produisirent sur moi est impossible ! Condamner à mort ! éteindre cette lumière du ciel que nul ne peut rallumer ! jeter dans cette éternité incertaine cette âme qui pourrait se repentir et réparer ! Cela m’a toujours paru un si cruel devoir pour ceux que leur position y oblige, que je n’ai jamais pu allier avec cette idée celle de l’insouciance et de la joie.

Le marquis d’Aligre sortait en effet de la Chambre des pairs où l’on venait de condamner Fieschi.

Certes, Fieschi inspirait peu d’intérêt, et j’avais, pour me rendre particulièrement odieux son attentat, à déplorer la mort d’un de nos amis, le comte de Villate, aide de camp du ministre de la guerre, qui fut tué par une des balles de la terrible machine ; et cependant cette condamnation ne me semblait pas devoir être annoncée gaiement.

Le marquis d’Aligre entre Balzac et la duchesse d’Abrantès me semblait un contraste frappant qui éveillait en moi une foule de réflexions : il était un des hommes les plus riches de France ; la moitié de son revenu d’une année eût mis la duchesse