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concert, et nous marchions de façon que nous nous trouvâmes assez à l’écart pour causer. Mais que je me repentis d’avoir voulu donner cette satisfaction à l’enthousiasme de mon Américain pour Balzac ! Probablement, le célèbre et impressionnable écrivain avait eu, ce matin-là, quelques tristes affaires d’argent, et son esprit était encore tout imprégné des douloureuses émotions qui l’avaient blessé, car il arriva tout d’abord à ce qui l’occupait, et aux éloges de M. G. il répondit par ces mots :


 Un petit grain de mil
Ferait bien mieux mon affaire…



que toutes les louanges qu’on prodigue à mes ouvrages.

Puis il ajouta mille choses pénibles sur la misère où vivaient en France la plupart des grands écrivains. Je sentis à l’instant tout le mauvais effet de ses paroles sur ce citoyen d’une république où l’on n’admet aucune autre distinction sociale que la richesse, et où le degré de l’intelligence est coté sur la quantité d’argent qu’elle rapporte ; mais j’eus beau essayer de tourner en plaisanterie ce que di-