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pérités inouïes qui avaient par moment brillé sur sa destinée, dont l’origine elle-même avait quelque chose de merveilleux.

La famille de la duchesse d’Abrantès avait régné sur Constantinople, et sa mère portait le nom de Comnène !

Junot, son mari, né dans un rang obscur, s’était élevé tout à coup à ces hauteurs fabuleuses qui font croire à l’intervention des fées ! Ces guerres pleines de merveilles ! il s’y était montré au premier rang ; cette puissance formidable ! il en avait eu sa part, car il avait été plus que roi en Portugal, maître sans conteste et souverain sans contrôle ; les lieutenants de Napoléon s’étaient vus un moment pour l’Europe des espèces de demi-dieux, ressemblant, il est vrai, à ceux de l’Olympe, qui tenaient un peu de la nature humaine et ne se refusaient ni ses plaisirs ni ses faiblesses.

Eh bien, de ces deux grandeurs, celle de la race et celle de la puissance, la duchesse d’Abrantès n’avait gardé ni morgue, ni vanité, ni dédain : c’était une bonne nature qui appréciait avant tout l’élévation de l’esprit ; la prospérité ne l’avait pas