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LIVRE II
L’ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE.




CHAPITRE I


Caractère général de l’orthodoxie orientale. — Faut-il y voir la forme slave du christianisme ? — Orthodoxie et pravoslavie. — De l’infériorité de l’Église gréco-russe dans l’histoire de la civilisation. — Où doit-on en chercher la raison ? — Des différences dogmatiques entre les deux Églises. — Opposition de leurs points de vue. — Comment l’immobilité de l’orthodoxie orientale peut être favorable à la liberté de penser. — La constitution de l’Église gréco-russe. — Absence d’autorité centrale. — Ses conséquences. — Tendance à former des Églises nationales. — Annexions de l’Église russe et démembrement du patriarcat byzantin. — Le « phylétisme ». — Comment, dans l’orthodoxie orientale, les luttes religieuses recouvrent d’ordinaire des querelles politiques.


Comme l’Église anglicane, l’Église russe est une Église nationale ; comme notre ancienne Église gallicane, c’est, en même temps, une branche d’une grande communion chrétienne élevée au-dessus des divisions de peuples et d’États. Cette communion se donne à elle-même le nom de Sainte Église catholique, apostolique, orthodoxe ; nous la désignerons sous cette dernière dénomination, qu’emploient de préférence ses fidèles, réservant le terme de catholique pour sa grande rivale d’Occident.

À l’époque de sa rupture avec Rome, l’Église orthodoxe orientale ne comptait peut-être point 20 millions d’adhérents ; aujourd’hui elle en a environ 100 millions, dont près de 80 sont sujets de la Russie[1] ; sur le reste, la moitié sont

  1. Il faudrait défalquer de ce nombre plusieurs millions pour les sectaires