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cher à leur exclusivisme talmudique que l’enseignement classique et les études universitaires ? Ce que l’on est porté à louer chez d’autres races, le goût de l’instruction, se change en crime pour les fils de Jacob. En Russie, comme en Allemagne, on leur reproche leur empressement à s’instruire, sans avouer qu’on jalouse leurs succès dans l’humble arène des luttes scolaires. Le fait est que, en certaines villes, les gymnases des deux sexes étaient envahis par les Sémites. À Odessa, de tout l’empire la ville où les Juifs sont le plus prospères, il y avait dans les collèges russes jusqu’à 50 et 70 pour 100 de Juifs. Le gouvernement a résolu de mettre fin à ce scandale. Le ministère de l’instruction publique semble avoir vu là un péril pour la culture nationale. Il a été ordonné, en 1887, que dorénavant aucun gymnase ne saurait recevoir plus de 10 pour 100 d’élèves israélites, même dans les districts et les villes où les Juifs forment 25 ou 30 pour 100 de la population. Dans les collèges de l’intérieur de l’empire, le nombre des élèves du culte mosaïque ne saurait dépasser 5 pour 100 ; dans ceux des deux capitales il a été abaissé à 3 pour 100.

La mesure prise pour l’enseignement secondaire a été étendue aux universités. Le tant pour 100 des Israélites autorisés à étudier le droit, la médecine, les sciences, a été réduit à un chiffre dérisoire. En 1887, par exemple, 75 jeunes gens s’étaient fait inscrire à l’université de Dorpat ; 7 ont été admis. Que de souffrances et de colères parmi ces étudiants qui se voient, ainsi, fermer les portes du haut enseignement et barrer l’accès des rares carrières libérales que la loi proclame leur être librement ouvertes ! On s’est plaint que parmi les volontaires du nihilisme il s’était rencontré des Israélites des deux sexes. Sont-ce de pareils procédés qui leur feront aimer la Russie et le tsar ? En vérité, les fauteurs de la révolution auraient des complices dans les conseils du souverain, qu’ils ne sauraient lui souffler de meilleure mesure pour renforcer le prolétariat intellectuel ou se recrutent leurs adhérents. Il ne faut pas