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CHAPITRE II


Cultes étrangers : les confessions chrétiennes. — Comment la Russie tend à imposer aux diverses confessions une constitution analogue à celle de l’Église nationale. — Arméniens. La politique russe et la hiérarchie arménienne. Le catholicos d’Etchmiadzin et les polojéniia. — Protestants. Luthéranisme et germanisme. Propagande orthodoxe dans les provinces baltiques. Moyens employés par le prosélytisme officiel. Mariages mixtes. — Catholiques. Latinisme et polonisme. Le Collège catholique romain. Papauté et autocratie. Insuffisance numérique du clergé catholique. Difficultés de son recrutement. Une messe sans prêtre. Suppression des couvents. Restrictions à la liberté religieuse. De la substitution du russe au polonais dans l’Église. Incapacités civiles des catholiques polonais. — Les uniates et la propagande orthodoxe. Paysans sur les frontières des deux Églises. Suppression de l’Union. Méthode employée pour ramener les grecs-unis. Persécution des derniers, uniates. — De la réunion des deux Églises. Avantages qu’y trouverait la Russie. Obstacles qui s’y opposent.


Aux relations de l’État avec l’Église orthodoxe, comparons ses relations avec les autres cultes de l’empire. Rien ne montre mieux ce qui, dans la constitution de l’Église dominante, est le fait de la religion et ce qui est le fait de la politique. Comme l’Église nationale, les cultes dissidents sont soumis au principe qui régit tout en Russie : l’autocratie. Aucune confession ne peut se soustraire à la loi commune ; les clergés n’y échappent pas plus que les autres classes. Le souverain ne s’arroge guère moins de droits vis-à-vis des confessions auxquelles il est étranger que vis-à-vis de l’Église à laquelle il appartient. La grande différence est que, par son esprit et ses traditions, l’orthodoxie s’accommode plus facilement de cette nécessité et que, pour l’Église nationale, la tutelle de l’État est une protection en même temps qu’une servitude.

Le gouvernement tend à donner à tous les cultes de l’em-