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LIVRE IV
LA LIBERTÉ RELIGIEUSE ET LES CULTES DISSIDENTS




CHAPITRE I


L’Église nationale et les cultes étrangers. — Privilèges de l’Église orthodoxe. Leur raison historique. Lien séculaire de la nationalité russe et de l’orthodoxie. — Défiances nationales et politiques pour les cultes étrangers. Le système du cantonnement religieux. Interdiction du prosélytisme. — Comment la Russie entend la liberté de conscience. Théorie officielle de cette liberté. Le droit de prosélytisme ne lui est pas inhérent. Ce droit est réservé à l’Église nationale. — Comment l’Église exerce son privilège de prosélytisme. Ses procédés de propagande et les pseudo-orthodoxes. Les missions russes.


En dehors des 12 on 15 millions de raskolniks en révolte contre l’Église officielle, le Tsar compte, dans ses États, plus de 30 millions de sujets entièrement étrangers à l’orthodoxie orientale : protestants, catholiques, arméniens, juifs, musulmans, bouddhistes.

Jusqu’à Pierre le Grand, la Russie était, sauf quelques Tatars mahométans, un État exclusivement orthodoxe. En étendant ses frontières en Europe et en Asie, il lui a fallu faire une place légale aux cultes des contrées annexées, A chaque acquisition, tes tsars s’étaient engagés à respecter la religion de leurs nouvelles provinces, ils n’en étaient pas moins les tsars orthodoxes, jaloux de conserver à leur Église, parmi leurs anciens sujets, son antique monopole. Cela explique la politique confessionnelle de la Russie.