La conduite du gouvernement à l’égard des sectes nationales a singulièrement varié suivant les époques. Du dix-septième siècle à la fin du dix-neuvième, elle a passé par trois phases principales. Le tsar Alexis et son fils Féodor persécutaient les dissidents comme des hérétiques en révolte contre l’Église ; Pierre le Grand les poursuivait comme des perturbateurs rebelles aux réformes impériales ; Catherine II et ses descendants les ont traités successivement avec douceur et avec rigueur, cherchant tantôt à les ramener à l’Église, tantôt à les réconcilier avec l’État. Dans cette dernière période, la politique impériale perd tout esprit de suite ; les raskolniks sont tour à tour frappés et tolérés, rassurés et menacés, selon l’humeur du souverain et le vent du moment.
Certains orthodoxes font gloire à l’Église russe de n’avoir jamais employé la contrainte en matière de foi. Cette assertion est contredite par toute l’histoire du raskol. Je ne vois pas que l’Église ait eu de scrupule à recourir au bras séculier. Torture, exil, bûcher, tous les châtiments usités en Occident contre les hérétiques ont été