Pour la seconde branche du raskol, pour les bezpopovtsy, il était plus difficile de se constituer en Église. Le principe fondamental de la secte, l’abrogation du sacerdoce, exposait les sans-prêtres à tomber en dehors des limites dogmatiques de l’orthodoxie, en même temps qu’il privait leurs communautés du plus puissant des liens ecclésiastiques. Chez eux, plus de digue aux débordements de la fantaisie individuelle, plus de barrières aux innovations ; l’esprit de division et d’hérésie peut librement se donner carrière. Ce sont des sectes de sectes, ou, comme disait Bossuet des protestants, ce sont « des morceaux rompus d’un morceau ». Pour le raskol, comme pour la Réforme, on se tromperait en regardant ce fractionnement comme un symptôme de dépérissement. Les doctrines semblables sont, par leur point de départ, vouées au changement perpétuel. Elles sont en quelque sorte instables, incapables d’immobilité, incapables d’unité. Le jour où elles cessent de varier et de se diviser est le jour où commence leur réelle décadence.