Sorti d’une rébellion du formalisme moscovite contre la correction des livres d’Église, le raskol a reçu, de la réforme européenne de Pierre le Grand, une vigueur nouvelle et une portée plus haute. Les adversaires des changements liturgiques introduits par le patriarche Nikone se sont grossis des adversaires des changements politiques introduits par Pierre et ses successeurs. Le schisme est devenu une protestation nationale contre l’imitation de l’étranger, une protestation populaire contre la constitution de la Russie en État moderne. Le starovère, le vieux-croyant, a personnifié l’opposition de la Russie byzantine aux mœurs nouvelles et aux importations occidentales.
Pierre le Grand fut, malgré lui, le second promoteur du schisme. Il est difficile aujourd’hui de se représenter l’impression faite par Pierre Ier sur ses sujets. Ce ne fut pas seulement de l’étonnement, de la stupéfaction, ce fut du scandale. Les coutumes, les traditions, les préjugés de la nation étaient attaqués ouvertement, systématiquement et parfois avec une sorte de brutalité. Le réformateur ne s’en prenait pas uniquement aux institutions civiles, il touchait à l’Église, il pénétrait dans la maison, réglementant à son