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l’assemblée de paroisse (prikhodskaïa skhodka) et, cette assemblée, composée de tous les habitants orthodoxes, il est souvent malaisé de la réunir. Lorsqu’on la convoque, c’est d’ordinaire pour une demande d’argent ; cela seul explique le peu d’empressement du peuple. Les offrandes volontaires devaient former la principale ressource de ces conseils de fabrique ; mais, ces offrandes faisant défaut, on est souvent contraint d’astreindre les paroissiens à une sorte de taxe que la curatelle a grande peine à percevoir, même pour les dépenses les plus urgentes. Le paysan donne peu, et les paroisses russes sont généralement privées d’une des grandes ressources du culte et du clergé en d’autres pays, les fondations privées. S’il y a des legs pour les écoles, pour les hôpitaux, pour les couvents, il y en a peu pour les églises rurales. Aucune classe de la nation ne semble leur porter grand intérêt. Cela paraît singulier en face de l’esprit d’initiative des dissidents de toute sorte, chez le même peuple. Ce contraste, entre le raskolnik et l’orthodoxe, ne saurait guère être attribué qu’au caractère officiel du clergé et aux habitudes bureaucratiques de l’Église.


Le gouvernement impérial a cherché dans l’école un autre moyen de rapprocher le peuple du clergé et de rehausser la situation du pope. Une nouvelle sphère d’activité a été ainsi ouverte à l’Église. Les écoles paroissiales, confiées à ses soins, ont pris sous Alexandre III un rapide développement. Pendant qu’en France l’État travaillait à exclure la religion et le clergé de renseignement populaire, en Russie l’État appelait l’Église à diriger l’instruction du peuple. L’idée n’était pas nouvelle. Dans l’ancienne Moscovie toutes les connaissances étaient distribuées par le clergé. Sous Pierre le Grand et ses successeurs l’instruction populaire était encore du ressort du Saint-Synode. Le gouvernement d’Alexandre III l’a, en grande partie, ramenée sous la tutelle ecclésiastique.