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tion tion et la moralité. Avec une éducation analogue, les fils de popes fourniraient à la Russie une classe aussi précieuse. Malgré toutes les difficultés de leur origine, ils forment déjà dans la société russe un élément important. Parmi les savants ou les écrivains de Pétersbourg et de Moscou, on pourrait citer plus d’un rejeton du clergé : ainsi, pour ne mentionner que les morts, l’historien S. Solovief.

En entrant dans les diverses professions, ces enfants du clergé passent officiellement dans les diverses classes (sosloviia) entre lesquelles est répartie la nation. Ils ne se confondent point toujours, pour cela, avec le milieu dans lequel ils entrent. Dans toutes les carrières, à travers tous les degrés du tchine, ils gardent fréquemment une physionomie et des tendances particulières. Un séminariste se reconnaît partout ; au milieu de la société laïque, l’empreinte cléricale demeure indélébile. À défaut d’autres traits, on reconnaît souvent ces popovitchs à leur nom. Beaucoup portent comme nom de famille des noms de fête ou de mystère, plus ou moins analogues à certains noms de baptême espagnols. Ils s’appellent : de la Transfiguration (Préobrajenski), de la Résurrection (Voskrésenski), de la Nativité de Notre-Seigneur (Rojdestvenski), de l’Ascension (Voznésenski), de l’Assomption (Ouspenski), du Sauveur (Spasski), de TExaltation de la Croix (Kreslovozdvijenski), de la Trinité (Troïtski), de l’Annonciation (Blagovechtchenski), de la Purification (Srélenski). J’ai entendu citer le singulier nom d’Allilouief (Alléluia). D’autres fois, ils conservent pour nom, de génération en génération, un titre ecclésiastique, tel que Protopopof, protopope.

L’esprit apporté dans le monde par les élèves des séminaires n’est point ce qu’on attendrait des fils de l’Église. C’est un esprit libéral, parfois révolutionnaire, un esprit de dénigrement et de jalousie contre les positions acquises et les hautes classes. Ces penchants, en apparence incompatibles avec leur origine et leur éducation, en sont le