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soumettant les monastères à une vie plus sévère, il a promis d’y introduire une administration plus libérale ; en appliquant à la plupart des couvents le régime de la communauté ; on devait restituer aux religieux l’élection de leurs supérieurs. Une telle mesure serait en harmonie avec les grandes réformes civiles. Comme toutes les classes de la nation, les moines retrouveraient, sous l’autorité publique, une partie du self-government qui est l’âme des institutions monastiques. Reste à savoir si une telle innovation est assez en rapport avec la constitution actuelle de l’Église et de l’État pour être sincèrement pratiquée et être réellement profitable aux monastères et au clergé.

Les couvents russes sont officiellement divisés en deux catégories, les couvents subventionnés et les couvents surnuméraires (zachtatnyé), qui ne touchent rien de l’État. Les premiers sont les plus considérables et les plus nombreux[1] : la loi y détermine le nombre des moines. Ces monastères se partagent en trois classes, au-dessus desquelles s’élèvent les plus illustres couvents de l’empire. Quatre ont reçu l’antique nom de laure : ce sont les trois grands sanctuaires des trois âges de la Russie, Petchersk de Kief, Troïtsa au nord de Moscou, Saint Alexandre Nevski à Pétersbourg ; on y a ajouté, sous Nicolas, le couvent de Potchaïef en Volhynie, enlevé aux Grecs unis ou Ruthènes. Au-dessous des laures, qui, d’ordinaire, dépendent du métropolite voisin et lui servent de résidence, viennent sept ou huit maisons portant le titre de stavropigies : ce sont les seules dont les supérieurs doivent rester à la nomination du Saint-Synode, héritier des patriarches[2]. Après les stavropigies, qui comprennent les plus

  1. D’après les rapports du procureur du Saint-Synode, on comptait 207 couvents d’hommes subventionnés et 173 non subventionnés. Pour les femmes les premiers étaient au nombre de 106, les derniers au nombre de 65.
  2. Ce nom de stavropigie, en grec stavropègion, donné aux monastères placés sous la juridiction immédiate des patriarches, fait allusion au rit par lequel le patriarche prenait possession de leur emplacement en y plantant sa croix.